mercredi 12 février 2014

La fusion-absorption de la CAVO prévue dans 2 ans remet-elle en cause l'intérêt d'une régie pour l'eau ???

Petite comptine édifiante sur

100 ans de dépossession des citoyens de leurs biens communs


Jadis, c'était l'bon temps! Les petits féodaux,
en quête de pouvoir peinard et sans partage,
à l'abri des humeurs de ces gueux d'électeurs,
savaient comment s'y prendre pour gérer nos affaires :
Dire « on ne sait pas faire,  » ou « ça serait trop cher »
confier la maison au plus bonimenteur,
et signer pour trente ans contre un plat de lentilles.

Si le service défaille, et la facture s'envole,
si l'eau vire au vinaigre, si l'usager ronchonne,
sa rancoeur sera vaine; et son vote sans dol :
Pourquoi changer de maire, qu'importe la couleur !
Les DSP* prospèrent, les dividendes tombent,
les larrons sont hilares et les manants marrons.
C'est ainsi Messieurs dames, que bien des biens communs
sont devenus privés, hors de notre portée.

Mais l'ivresse du pouvoir fait perdre la mesure !...
Des élus trop zélés à s'emplir les poches,
s’emmêlent les pinceaux,les magots, les tuyaux.
La populace lasse de se faire entuber,
s'en mêle et va fouiller dans les comptes truqués.
la loi est relookée, les plus ripoux coffrés
les marchés encadrés, les DSP bornées,
Des biens communs repris, des régies rétablies
Et les consommateurs exigent d'être acteurs.

Fini le temps béni des profits sans souci ?
Que nenni ! Les nantis ne restent pas groggy :
Si au sein des communes, la lumière est trop vive,
Si le quidam méfiant ne s'en laisse plus conter
et si les mauvais coups n'y sont plus si faciles,
Il s'agit d'échapper à ces contrariétés

Les rupins si habiles à s'enrichir tranquilles
seront de bon conseil pour tous les roitelets :
« Si la racaille qui braille vient gâcher vos ripailles,
l'interco saura bien la tenir à carreau .
Rideau sur les affaires ! Transfert de compétences,
V.P. ** à volonté, rond'ment indemnisés,
Vous tenez le secret pour retrouver la paix. »

Avant que nos manants prennent enfin conscience
que le pouvoir est là et les moyens aussi,
Il faudra bien 10 ans, c'est toujours ça de pris
La Lyonnaise faite reine par tous ces hobereaux
Maquillera sans peine ses bénéfs à gogo,
saura se faire la malle au paradis fiscal.

10 ans, c'était bien vu ! c'est le temps qu'il fallut
pour que quelques pékins, avec un mal de chien,
Dans les Communautés parviennent à s'immiscer :

Le spectacle y défiait les pires pronostics
L'ambiance était pesante et la pensée unique
Quiconque osait l'ouvrir ou bien s'interroger,
Du grand Yamagouchi déchaînait la colère,
et sommé de se taire et de courber l'échine.
Quant au dossier de l'eau, sévèrement gardé,
Pas question d'y toucher, sans être autorisé.
Un sujet trop sérieux, réservé aux experts,
qui sauront faire traîner leurs coûteuses études
et qui sauront flatter leur grand commanditaire.


Mais il en fallait plus pour mater nos pékins :
De tous cotés, montait la rumeur du succès
de citoyens, d'élus qui osaient tenir tête
aux prédateurs de l'eau et leur damer le pion.
Le grand Yamagouchi se sentait menacer :
Si son agglo n'est plus un refuge assuré,
c' est donc encore plus haut qu'il faut se protéger
La discrétion totale sur l'affaire s'imposait!
Ses potes députés sauront silence garder,
Un petit amendement, et le tour est joué :
Dans 2 ans tout au plus, hop, l'agglo disparaît !
Nos pékins citoyens en seront médusés.
Et le business encore pourra continuer.

* DSP = délégation de service public correspondant aux contrats par lesquels les collectivités confient à des prestataires privés et à leurs actionnaires la gestion de leurs services
**VP = vices-présidences


Souvent, la réalité dépasse l'affliction 

Pour ceux qui jugeraient un peu simpliste ce résumé scandé de ces derniers mois d'actualité législative, nous reproduisons ici l'article amendé de la loi « Métropole », qui règle le compte de nos départements de grande couronne.

« LOI n° 2014-58 du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles

Article 10 : (.,.)

L'article L. 5210-1-1 du code général des collectivités territoriales est complété par un VII ainsi rédigé :

« VII. ― Dans les départements de l'Essonne, de Seine-et-Marne, du Val-d'Oise et des Yvelines, les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre dont le siège se situe dans l'unité urbaine de Paris, regroupent plusieurs communes d'un seul tenant et sans enclave formant un ensemble d'au moins 200 000 habitants. »
(article applicable au 1er janvier 2016)

Comme en Essonne, toutes les communautés d'agglomérations créées depuis 12 ans ont moins de 200 000 habitants, et font partie de l'aire urbaine parisienne, cela signifie toutes les agglos essonniennes doivent disparaître pour laisser la place à de plus grandes intercommunalités. La possibilité d'y déroger est laissé au seul préfet qui se gardera bien de l'utiliser, mandaté pour mettre en place les structures les plus massives.

Silence de plomb en rase banlieue.....

Avez-vous croisé un seul député essonnien qui ait consulté un seul essonnien avant de concocter sur notre dos ce charcutage de notre territoire ? Avez-vous lu un seul dossier sur le sujet dans la presse régionale, ou dans un seul des journaux des communes et agglomération concernées ? Un conseil municipal a-t-il délibéré à ce sujet ? Un seul des centaines de salariés des agglomérations concernées dont les organigrammes, les sites, les services vont être démembrés, restructurés, fusionnés, les conditions et lieux de travail bouleversés, a-t-il eu son mot à dire sur ce charcutage institutionnel ?
Quand la démocratie locale, déjà mise à mal par les contraintes budgétaires, a-t-elle déjà été bafouée aussi brutalement ?

Plus que jamais, une exigence de démocratie non négociable!

Ce contexte guère encourageant pose 2 questions :

1°/ A quoi bon s'échiner à défendre le droit des citoyens à se mêler de leurs affaires, si, face à nous, tout progrès sur ce plan est annihilé aussitôt qu'acquis ?

2°/ Et comment faire pour que l'idée d'une réappropriation des services publics reste crédible et audible par les citoyens, si on ne sait plus à quel niveau et par qui les décisions se prendront demain pour l'eau du Val d'Orge ?

Paradoxalement, cette actualité renforce le bien fondé de notre demande d'un engagement d'une majorité des listes et des candidats aux élections municipales sur la création d'une régie de gestion de l'eau au plus vite. Pourquoi ?:
  • D'abord, parce que tout ce qui sera mis en place avant 2016 le restera ensuite. Si une régie publique est créée pour notre agglo, elle pourra perdurer ensuite, même si notre agglo est absorbée par une agglo dont certaines autres communes seraient en gestion privée : la cohabitation des 2 modes de gestion, public et privé, est possible, c'est le cas pour l'eau chez nos voisins des Lacs de l'Essonne ou pour le ramassage des ordures ménagères pour notre agglo. Mais attention : Pour ça, le cadre juridique de la régie doit être posé avant 2016. Cela conforte l'exigence de la création d'une régie publique pour les 3 communes dont les délégations de services publiques peuvent et doivent être dénoncées dès 2015.

  • Ensuite, parce que un engagement politique, pris dès aujourd'hui par les nouveaux dirigeants de notre Agglo, de privilégier la gestion publique de nos biens communs, offrira un solide argument pour se tourner prioritairement vers les agglos voisines qui partageront les mêmes orientations. Exemple : alors que toutes les conditions techniques sont réunies pour que les agglos des Lacs de l'Essonne, celle d'Evry et la notre travaillent ensemble sans plus tarder,avec Eau de Paris, à un partage de la ressource en eau apportée par les aqueducs de la Vanne et du Loing, ce serait un gâchis insupportable si la future carte intercommunale de l'Essonne ignorait cette opportunité.

  • Enfin, parce que la consultation rapide des usagers sur le principe d'une régie publique pour notre eau potable, qui fait partie des engagements attendus des candidats à la direction de notre agglomération, constituera un puissant message et outil de refus des dérives antidémocratiques que nous subissons aujourd'hui au nom  du « Grand Paris ». A l'échelon local comme à l'échelle de l'Europe ou de la planète, les abus de pouvoir ne supportent pas la lumière....: raisons de plus pour les faire connaître et s'en protéger. 

    Agglomérés de toutes les communes, unissez-vous !

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