Des élus sans voix, ça, ça n'est pas banal
Ce soir là, pour la première fois, 3 maires , ceux de Morsang, Plessis-Pâté et Leuville enfreignent la règle interdisant aux élus depuis la création de la CAVO l'expression de positions divergentes: Ils prennent position pour la création d'une régie publique.Ils demandent aux 7 autres maires d'exprimer également leur position.
Un seul le fait, le Maire de Fleury qui exprime son opposition à la création d'une régie selon l'argument très logique "je suis pour un service public national de l'eau , mais comme celui-ci est impossible, je préfère reconduire la gestion privée".
Dans les rangs des 6 autres maires, c'est le silence (Avec la médaille d'or de la langue de bois pour le Maire de Sainte-Geneviève qui répète une fois de plus " je n'ai pas besoin de dire ma position, tout le monde la connait".
Ceux qui ont placé la défense pour l'éternité du capitalisme au-dessus de toute autre considération, sont plus à l'aise pour avouer leurs penchants dans des conversations de couloirs avec leurs partenaires privés, que face à des électeurs qui attendent d'eux la défense de l’intérêt général.
Un silence éloquent
Face à leur mutisme persistant, leurs 3 collègues s'inquiètent, sachant que la Lyonnaise des Eaux se démène dans la période pour approcher les uns et les autres pour préserver sa rente de situation ( un contrat ultra-avantageux renouvelé sans la moindre anicroche depuis 90 ans, ça ne s'abandonne pas comme çà); ils disent espérer qu 'aucun n'aura prêté une oreille complaisante à ce lobbying intensif. Nouveau silence lourd de sous-entendus chez les autres maires. Jusqu'à ce l'un d'eux, n'y tenant plus, vende la mèche: Nicolas Meary , nouveau Maire de Brétigny, nouveau Vice-Président du Département, et qui se voit déjà président de la future Agglo du Val d'Orge élargie à l'Arpajonnais ( dont l'arrivée de 14 communes majoritairement à droite permettra au nouvel ensemble de basculer à droite). M. Méary, qui n'avait jusqu'alors manifesté ni intérêt ni compétence sur la question de l'eau potable, se lance alors, avec le zèle des nouveaux convertis, dans une promotion de la "SEMOP" comme étant "la" solution pour la gestion de l'eau potable, donnant aux élus le contrôle du service sans en assumer les risques financiers, bref, que du bonheur!Curieusement, ce discours constitue un copier-coller de l'argumentaire utilisé par la Lyonnaise pour ses opérations de séduction des élus locaux: simple coïncidence?
Un objet juridique non identifié
De quoi s'agit-il? Cette Semop, "société d'économie mixte à opération unique" est un objet juridique créé discrètement par le Parlement en juillet 2014, grâce à la bienveillance de quelques parlementaires attentifs aux préoccupations des multinationales de l'eau. Ces dernières, ont pris acte de la difficulté de s'opposer frontalement à la volonté des collectivités de retrouver la maitrise de leur service d'eau potable. Tout en continuant à sauver les meubles en acceptant des baisses de prix importantes pour garder leurs contrats, ils cherchent à rétablir leur position dominante sur le marché des collectivités de 2 façons:* en s'érigeant comme les spécialistes du grand cycle de l'eau ( cycle qui va du captage de l'eau au traitement des eaux usées )
* en promouvant des formules de "gestion publique" qui n'en gardent que le nom et qui ne sont en fait que des coquilles vides propices à la sous-traitance au privé de l'essentiel des prestations, avec des contrôles encore moindres que pour les DSP (délégations de service public) et ne gardant en interne que la facturation et la relation avec l'usager)
Pour ceux qui veulent y voir plus clair dans les" avantages" de la solution que promeut M. Meary , voir l'article de Marc Laimé, grand spécialiste des questions de gestion de l'eau sur la première SEMOP que viennent de créer conjointement la Ville de Dôle et la Lyonnaise des Eaux:
http://www.eauxglacees.com/Dole-et-la-Lyonnaise-des-eaux-vont
les 3 morales de cette histoire
1°) les multinationales de l'eau sont loin d'avoir dit leur dernier mot et ne lâcheront pas l'affaire , ce qui n'est pas un scoop.2°) les élus qui voudraient faire passer la promotion des intérêts des multinationales comme étant le fruit de leurs réflexions personnelles ont encore des progrès à faire pour nous en convaincre .
3°) il se confirme que les opposants au retour à une gestion publique préfèreront jouer la montre, dans l'attente d'une situation plus favorablement pour eux politiquement (à l'échelle de la nouvelle agglo à 24 commnues du Val d'Orge et de l'Arpajonnais) et techniquement (à une date trop proche de la fin des contrats pour préparer correctement le changement du mode de gestion de l'eau).
Raison de plus, face à cette tactique, pour gagner dans les prochaines semaines une expression citoyenne en faveur de la régie suffisamment forte pour ne plus pouvoir être remise en cause demain.
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