De très mauvais exemples à rayer du paysage
Pourquoi les régies publics "Eau de Paris" et "Eau des lacs de l'Essonne"
constituent-elles, pour les multinationales de l'Eau, un exemple à rayer du paysage?
Janvier 2016, c'est le mois de mise en place des nouveaux grands machins coûteux bureaucratiques (GMBC) accouchés au forceps pour écarter les franciliens de tout pouvoir d'expression et d'intervention sur leur cadre de vie et de travail:
* la MGP (Métropole du Grand Paris, 209 élus de 132 communes ),
* ses 13 EPT Etablissements publics territoriaux, dont l'EPT 12 (1/3 du val de Marne et 6 communes du nord de l'Essonne) composé de 680 000 habitants, 24 communes et 95 conseillers,
carte du site citoyens94.com
* les nouvelles agglomérations résultant du charcutage de la carte territoriale essonnienne,
carte d'Essonne.info.fr
Pendant le charcutage de nos territoires,
les multinationales s'activent
Pendant que la plupart des élus locaux se mobilisaient depuis 2 ans essentiellement sur des batailles de territoires pour préserver autant que possible leurs pré-carrés, réseaux, et sphères d'influence,
Veolia et Suez-Environnement (Lyonnaise) ont, elles, compris très vite l'opportunité que leur offrait ce micmac antidémocratique pour rétablir leur domination sur l'eau potable de l'agglomération parisienne.
Une domination qui a été mise à mal depuis 6 ans en 3 étapes:
* la création de la Régie publique Eau de Paris en 2010,
* la création de la Régie "Eau des Lacs" en Essonne l'année suivante,
* et le partenariat, consacré en février 2014, entre ces 2 régies engageant la construction d'un modèle public solidaire de la production d'eau potable en Ile de France. Un partenariat se concrétisant par la station de raccordement de la Régie Eau des lacs à l'Aqueduc du Loing pour en partager l'eau de source.
Pour mémoire, quelques infos sur cette magnifique réalisation:
Un article de la présidente d'Eau de Paris expliquant les perspectives ouvertes par ce partenariat :
Course de vitesse pour verrouiller l'avenir
avant le 31 décembre 2015
Pour nos 2 commères, c'est une véritable course contre la montre qui s'est engagée pour effacer ce recul, pour replacer leurs pions et priver les nouveaux établissements intercommunaux de, toute liberté de choix en matière d'eau potable dans l'avenir.
Le moyen? Un travail de lobbying intensif auprès des nouveaux élus de droite essonniens qui se sont retrouvés en 2014 aux manettes de la CALPE (Agglo des Portes de l'Essonne) et de la CALE (Lacs de l'Essonne) Dans ce dernier cas, l'aide précieuse d'élus socialistes locaux. Des élus qui n'ont rien trouvé de mieux que d'utiliser leurs nouveaux mandats au service des ambitions des multinationales de l'eau.
Résultat: l'invraisemblable déni de démocratie constitué par l'adoption, 15 jours avant avant la disparition de la CALPE et de la CALE au 31 décembre 2015, d'avenants accordant à la Lyonnaise des Eaux le monopole de la vente d'eau potable aux communes de ces agglos pour 15 ou 20 ans.
notre article sur le conseil d'administration du 10 décembre de la régie Eau des Lacs:
et le communiqué de presse sur le vote du 17-12 à la Calpe de l'Association Eau publique Nord Essonne (membre comme la notre de la Coordination Eau Ile de France)
notre article sur le conseil d'administration du 10 décembre de la régie Eau des Lacs:
et le communiqué de presse sur le vote du 17-12 à la Calpe de l'Association Eau publique Nord Essonne (membre comme la notre de la Coordination Eau Ile de France)
Comment en est-on arrivé à là?
En 2011, un an donc après
la création de la Régie municipale Eau de Paris, la Régie Eaux
des lacs de l'Essonne,voyait le jour à Viry-Châtillon, pour
desservir les habitants de cette commune et, bientôt ceux de
Grigny, membres de la même agglomération.
Dans le contexte national de réappropriation collective de l'eau potable
par des collectivités de toute taille, Paris et Viry ont pris figure
de symboles des actions victorieuses pour préserver l'eau, bien commun
universel, des appétits des marchands et affairistes qui se la sont
accaparée en France depuis des décennies .
Particulièrement en
Ile de France: Veolia et la Lyonnaise y ont prospéré au fil de la
croissance urbaine du 20ème siècle; jamais avares de petits cadeaux aux élus de tout
bord pour entretenir leur bienveillance, et capables de mettre leurs
rivalités de côté pour se partager le territoire francilien.
La
régie Eau de Paris a mis un terme à un partage de la capitale
(rive droite-rive gauche) entre Veolia et Lyonnaise (désormais
intégrée à Suez-Environnement). Une contre-publicité plutôt
gênante pour nos 2 multinationales qui s'attaquent à l'eau potable
de tous les pays du monde au nom de l'efficience du modèle français
de l'eau .
Pour se replonger dans la fabuleuse saga du retour vers le public de l'eau potable à Paris, vous pouvez lire:
Eau de Paris retour vers le public
Pour se replonger dans la fabuleuse saga du retour vers le public de l'eau potable à Paris, vous pouvez lire:
Eau de Paris retour vers le public
Dans le nord Essonne, la
régie Eau des lacs a fait la démonstration (un très mauvais
exemple ) qu'il était possible de s'affranchir des gries de Veolia
qui, à travers le SEDIF, s'est bâti depuis 97 ans un monopole très
rentable en banlieue parisienne.
lire pour en savoir plus Vive la régie publique
lire pour en savoir plus Vive la régie publique
Il y a peine 20
mois, la régie Eau des lacs s'est dotée d'une station de connexion
permettant à ses usagers de disposer d'eau de source acheminée
jusqu'à Paris par l’aqueduc parisien du Loing.
2 mois plus tard, la droite castelviroise se retrouve de la tête de l'Agglo des Lacs et et de sa régie d'eau potable, dont Laurent Sauerbach devient président.
* Dès le 8 janvier
2015 , le Parisien relaie une déclaration de M.
Sauerbach qui affirme que: « La régie a été créée par pure
idéologie, à la va-vite, (qu') elle est sous-dimensionnée et n'a pas les
capacités pour faire face à un éventuel problème de technique. Je
ne sais pas ce qu'il se passerait si une canalisation cassait
demain » Il prétend aussi que l'incorporation de Grigny à la
régie, prévue en 2018, a du plomb dans l'aile. « Grigny va
aller dans l'agglomération d'Evry qui a déjà sa régie. Donc, soit
on parvient à s'étendre ailleurs, soit on trouve une autre façon
de travailler. » Il annonce un choix avant
fin 2015 entre trois options :
1 -Rester en régie publique, mais en
revoyant fortement son fonctionnement.
2- Une sortie partielle,
en reprenant un approvisionnement par un prestataire privé.
3- Une sortie totale, y compris en termes de distribution .
Incapables de trouver par eux-mêmes matière à la remise en cause de la régie , ils font
appel à 2 sociétés privées, IRH ingénieurs conseil (pour le volet
économique) et Landot & associés (pour le volet juridique). Sur
son site, IRH annonce son parti pris: En matière d'eau potable,ce cabinet
intervient exclusivement en vue d'un renouvellement ou de la
passation d'un contrat de DSP (Délégation au privé) .
* le 13 octobre,
cette fois par l'entremise d'Essonne Info, MM. Villain et Sauerbach affirment que l'audit réalisé justifie leur remise en cause
de la régie: à défaut de pouvoir en critiquer le prix ou la qualité
du service rendu aux usagers, c'est son endettement
mettrait en cause sa viabilité économique à long terme. La cause selon eux de
cette situation ? La construction en 2014 de la station de raccordement à
l'aqueduc du Loing d'Eau de Paris.
La "petite
faiblesse" de ces déclarations tonitruantes, c'est que, en fait, le contenu
de l'audit brandi pour discréditer la régie va en fait plutôt
en sens inverse:
* tout d'abord , son objet même ne porte pas sur les perspectives économiques de la régie, mais sur son évolution dans le cadre de la nouvelle carte intercommunale.
(cf
page 12 : "Objet
de l’étude : comment conserver le niveau de service actuel rendu
par la Régie « Eau des lacs
de
l’Essonne » en matière d’eau potable après le rattachement (de
la commune de Viry)à la CALPE?").
La
moitié de l'étude se borne à recenser les différents mode de
gestion de l'eau ... pour conclure (page 87) sur la proposition
"d'attendre
le transfert de compétence pour s'ouvrir l'opportunité d'un choix
entre plusieurs mode de gestion":
Sacrée expertise!!!
Ensuite,
dans son état des lieux financier, l'audit montre que la situation
financière de la régie, aujourd'hui excellente deviendra plus
difficile à partir de 2017, année correspondant au
démarrage différé du remboursement de la dernière part des
emprunts (plus étalés et aux intérêts moins élevés )
liés aux travaux réalisés.
Mais l'audit révèle surtout que une part substantielle des difficultés financières prévisibles résultent du contrat invraisemblable passé par M. Sauerbach avec la Lyonnaise pour qu'elle prenne le relais de l’approvisionnement en eau de la régie lors de la maintenance de l'aqueduc (4 semaines tous les 3 ans) au prix fort et sous réserve d'un abonnement annuel porté à 120 000€ .... dès 2017, soit un prix au litre quadruple du prix normal (cf page 36 de l'audit)
Mais l'audit révèle surtout que une part substantielle des difficultés financières prévisibles résultent du contrat invraisemblable passé par M. Sauerbach avec la Lyonnaise pour qu'elle prenne le relais de l’approvisionnement en eau de la régie lors de la maintenance de l'aqueduc (4 semaines tous les 3 ans) au prix fort et sous réserve d'un abonnement annuel porté à 120 000€ .... dès 2017, soit un prix au litre quadruple du prix normal (cf page 36 de l'audit)
-
Surtout, l'audit montre que l'échéancier des emprunt est adapté à
l'élargissement de la régie, prévu
dans la même période: avec la Ville de Grigny de façon
certaine dès 2018, avec une ou plusieurs régie voisines de
façon possible dès 2017,
avec une prise en charge collective des travaux réalisés (la
station construite ayant été dimensionnée dans cette perspective
).
Plutôt que de se réjouir de cette perspective , MM Vilain et Sauerbach, agrippés à leurs dogmes pro-privés, vont s'évertuer en la nier, n'hésitant pas dans ce but à inventer de toute pièce un refus de partenariat des autres collectivités, à commencer par la Ville de Grigny.
*
Dès le 2
Novembre,
leur mauvaise fois est démontrée par un courrier du Maire de
Grigny. Celui rappelle l'engagement constant et déterminé de
sa commune pour rejoindre la régie dès la fin de son contrat de DSP
en 2018.
Cet
engagement est confirmé solennellement par une motion
du Conseil
municipal de Grigny votée le 17 novembre.
De fil en aiguille, on découvre que M. Sauerbach, plutôt que de renforcer les partenariats utiles à la Régie dont il a pris la direction en mai 2014, a tourné le dos aux agglos voisines d'Evry et du Val d'Orge et à Eau de Paris, limitant son mandat à des échanges bienveillants avec la Lyonnaise des Eaux.
On
s'aperçoit que , a contrario, un minimum de bonne volonté suffirait
pour remédier à ce gâchis, en redonnant à la régie Eaux des Lacs
sa place motrice d'un mouvement vertueux des collectivités
essonniennes, de tout bord politique, vers la réappropriation
collective de leurs ressources en eau.
Mais
le temps pour M. Sauerbach n'est vraiment plus à la défense
du service publique dont il a la charge. A quelques semaines de
quitter la présidence de l'Agglo des lacs, rayée de la carte au 31
décembre, il met le turbo avant son départ pour imposer le retour de la Lyonnaise de
Eaux en position de force.
*
Le 10 décembre
2015, en l'absence de toute procédure de consultation légale .
Président
de la régie et l'Agglomération des lacs de l'Essonne pour quelques
jours encore, Laurent Sauerbach,
demande
au conseil d'administration de la Régie de casser avant son
départ , au bénéfice de la lyonnaise des Eaux, le partenariat noué
avec Eau de Paris pour un approvisionnement au moindre coût en eau
de source des Castelvirois et des Grignois.
A l'appui de sa demande, 2 offres de vente d'eau à la régie sont présentées :
*
la première, celle d'Eau de Paris et la seconde, celle de la
Lyonnaise, visiblement rédigée en fonction de la première.
Par celle-ci, la Lyonnaise propose une baisse notoire de ses tarifs. Elle propose même de payer un loyer pour la station de raccordement à l'aqueduc mise en sourdine au profit d'un approvisionnement complété par les usines de la Lyonnaise de traitement d'Eau de Seine.
Par celle-ci, la Lyonnaise propose une baisse notoire de ses tarifs. Elle propose même de payer un loyer pour la station de raccordement à l'aqueduc mise en sourdine au profit d'un approvisionnement complété par les usines de la Lyonnaise de traitement d'Eau de Seine.
Malgré
cette opération de dumping, l'étude détaillée des 2 offres
(tableau
comparatif point par point etcourriers adressés par Eau de Paris et
la Lyonnaise) permettra à chacun d'apprécier l'intérêt
environnemental, tarifaire, social et en qualité de service d'une
poursuite de la coopération avec Eau de Paris pour les Castelvirois,
mais plus largement pour les essonniens des intercommunalités
voisines.
Faisant fi de ces éléments objectifs, Laurent Sauerbach obtient un vote pour le choix de "l'offre de la Lyonnaise" par 10 voix contre 7, ce choix de renoncement étant obtenu par le Président, "grâce" aux voix des 2 élus socialistes de Viry (Mme M-F Eeckhoudt en son nom propre et en utilisant le pouvoir de M. Pascal-François Ducloux).
Cette décision, prise en pleine COP 21, entre les 2 tours d'élections régionales marquées par une défiance grave à l'égard de notre classe politique, illustre l'incapacité de certains élus locaux à réfléchir par eux-mêmes et à agir dans l'intérêt des habitants et notre planète.
En effet, s'y
exprime un parti-pris contre le service public, sacrifiant l'intérêt général (empreinte carbone réduite, respect grand cycle de l'eau, choix du modèle économique le plus démocratique) et contre notre environnement au bénéfice d'une multinationale.
Les zélés défenseurs de la Lyonnaise ont-ils eu
le dernier mot avec ce vote?
Peut-être
pas. En effet, dans leur hâte de boucler l'affaire à tout
prix avant la disparition de la CALE au 31 décembre, ils ont pris
des libertés particulièrement choquantes avec les règles de
transparence et d'équité qui s'imposent pour la "mise en
concurrence" des offres d'Eau de Paris et de la Lyonnaise.
Des méthodes qui ont conduit le conseil d'administration unanime d'Eau de Paris, à engager un recours en urgence contre la décision prise. Un recours qui a été examiné en urgence dès le 7 janvier. Souhaitons que la décision rendue permette l'annulation d'une décision particulièrement lourde de conséquence à long terme pour les essonniens.
Ce répit doit nous permettre de faire prévaloir la voix du partenariat entre régies franciliennes, seule solution à même de répondre au défi de la protection de l'eau potable.
Il
s'agit d'abord de condamner sans appel les méthodes de
falsification et de manipulation utilisées par la Lyonnaise pour parvenir à ses fins à l'encontre de la régie Eau des
lacs
N'ayons pas la mémoire courte
En
2012, pour faire échouer le partenariat entre la nouvelle régie Eau
des Lacs et Eau de Paris, La Lyonnaise avait payé les services d'un
cabinet
Elle lui avait donné mandat d'utiliser tous les moyens pour "empêcher la coopération Eaux des lacs et Eau de Paris". Parmi ces moyens la création d'un pseudo-blog "monvirynature" et un pseudo compte twitter "ecoloviry", "diffuser des informations auprès des principales figures de l'opposition locale (notamment Jean-Marie Vilain) afin de relancer et de soutenir leur voix et leurs actions"
Toutes
les éléments et les copies des pièces de cette affaire
sur le site de Marc Laimé:
Ces minables méthodes de barbouzes ont à nouveau été épluchées et dévoilés l'an dernier par France 2 (Envoyé spécial) comme illustration des méfaits d'internet quant il est employé à des fins de manipulation
http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/manip-sur-le-net_727555.html
(à
visionner à partir de la 44
ème minute)
Suite
à un article de l'hebdomadaire Marianne, le fameux blog a disparu du
jour au lendemain, seul twitter en garde la trace aujourd'hui :
Les
dirigeants nationaux de la Lyonnaise se sont vus obligés désavouer
les pratiques de leur directeur régional et de le suspendre pour
sauver la face ( voir leur communiqué
de presse de
l'époque)
MM Vilain et Sauerbach, par contre n'ont de leur côté trouver rien à redire au forfait de leurs "informateurs" de la Lyonnaise.
Aujourd'hui,
c'est les mêmes comparses ressortent du bois pour tirer un
trait sur une expérience locale qui s'était permis de "menacer
la croissance la Lyonnaise Eau du Sud Parisien"
Les
laisser faire aujourd'hui signifierait cautionner les
pires dérives des multinationales pour faire échec aux démarches
d'émancipation des collectivités territoriales sur lesquelles
elles prospèrent.
Ne serait-il pas plus positif que franciliens, leurs associations et leurs élus coopèrent enfin pour l'eau potable face aux appétits des multinationales?
Les adhérents des associations et les élus intéressés par cette démarche de coopération se retrouveront à l'occasion de la réunion prévue en
Mairie de Morangis , 12 avenue de la république à Morangis
le samedi 6 février 2016 à 10H
l'Aqueduc Parisien de la Vanne en Bordure d'Aggl'eau Coeur d'Essonne
(rue Irène et Fredéric Joliot-Curie à Ris, en limite du bois de Saint-Eutrope et de Fleury_Mérogis
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Réactions, questions, commentaires