En réaction au scandale de l’ONEMA, dévoilé dans toute sa gravité par le dernier rapport de la cour des comptes, la CLCV s’associe à la demande d'une refonte du dispositif de production des données publiques sur l’eau, et renouvelle plusieurs exigences de démocratisation de la gestion de l’eau en France.
Rappelons que les très graves dévoiements qui ont affecté le fonctionnement de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis sa création en 2007, font que les pouvoirs publics n’ont plus la maîtrise du système français de production des données publiques sur l’eau, effectuées dans la plus grande opacité. A défaut de reprise d'un contrôle du système, le risque est élevé, après la marchandisation du vivant, d’une marchandisation des données publiques sur l’eau, ce qui bloquerait le déploiement de politiques de gestion soutenable des ressources en eau.
communiqué de presse :
" Politique
de l’eau : il faut aller au fond des choses
Dans
son rapport 2013, la Cour des Comptes dresse un constat sévère sur
l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA),
indiquant dans l’introduction de son rapport: « L’ampleur
et l’accroissement des missions confiées à l’ONEMA, dans un
contexte mouvant, complexe et soumis à la pression d’échéances
communautaires, n’ont pas été accompagnés par la mise en place
de moyens à la hauteur des enjeux. Il en est résulté de nombreuses
défaillances et irrégularités dans la gestion administrative et
financière qui ont nui à l’efficacité de l’action du nouvel
établissement public ».
Pour
l’association nationale de consommateurs et usagers CLCV
(consommation, Logement et Cadre de vie), connue pour son implication
de longue date sur les questions de l’eau et de l’assainissement,
la gravité des faits rapportés ne va pas manquer de choquer les
consommateurs et de les faire douter des politiques publiques
conduites dans ce domaine auquel ils sont particulièrement
sensibles. Ce rapport doit être l’occasion de revoir l’ensemble
de la politique de l’eau dont les réformes successives ont certes
apporté des améliorations, mais sont rarement allées au bout des
transformations nécessaires.
Pour la CLCV, il s’agit de :
- Procéder à un audit sur les conditions de recueil et de transmissions des données sur l’état réel des ressources et de l’efficacité des mesures mises en œuvre pour atteindre l’objectif européen de leur bon état écologique en 2015 ;
- clarifier et démocratiser la gouvernance des différentes instances chargées de la mise en œuvre de la politique de l’eau, dans lesquelles les usagers domestiques, qui en sont pourtant les principaux contributeurs, sont peu (ou pas) représentés, peu (ou pas) consultés ;
- mettre en œuvre une véritable politique de prévention et de protection de la ressource, avec une application équitable et efficace du principe pollueur payeur, alors que les ménages supportent encore 80% des redevances, ce qui est inacceptable ;
- améliorer notablement la transparence de la gestion de l’eau et de l’assainissement collectif et non collectif, notamment en ce qui concerne la réalité économique des coûts des différentes opérations tout au long du cycle de l’eau, et redonner son sens à la notion de service public dans un domaine où la porosité entre l’intérêt général et les intérêts économiques est de notoriété publique.
La
CLCV rappelle qu’à l’occasion des trois derniers projets de loi
elle a proposé la mise en place d’une véritable autorité
nationale indépendante, qui ne soit pas juge et partie, avec pouvoir
d’investigation et de sanction, et demande notamment :
- que des représentants d’associations représentatives de consommateurs et usagers soient associés au travail d’évaluation de la politique de l’eau conduite dans le cadre de la Modernisation de l’Action Publique (MAP) ;
- une réforme et une généralisation des Commissions consultatives des services publics locaux,
- une plus grande place aux représentants des ménages dans les Comités de Bassin des Agences de l’eau, alors que les usagers domestiques sont les plus gros contributeurs (ils représentent aujourd’hui moins de 3% des membres de cette instance) ;
- le droit pour les représentants des consommateurs et usagers siégeant dans les différentes instances de concertation, de disposer d’expertises indépendantes des intérêts économiques concernés ;
- l’obligation d’un véritable débat public local suivi d’un référendum lors du choix du mode de gestion des services d’eau et d’assainissement."
Contact CLCV nationale :
Alain CHOSSON : 0633417611
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