Le 14 décembre, le conseil communautaire de l'agglomération décidait, à l'unanimité, de lancer des études sur les contrats de délégation de la gestion de l'eau en vigueur et sur les différents modes de gestion envisageables à l'issue de ces contrats.
Cette décision apparaît de prime abord comme une bonne nouvelle : ces contrats sont reconduits d'office depuis des décennies, ce qui a laissé les pleins pouvoirs aux délégataires pour imposer leurs conditions et leurs tarifs. Le vote intervenu a le mérite de rappeler que plusieurs solutions existent : C'est déjà çà.
Mais la lecture plus attentive du texte adopté suscite des interrogations:
D'abord, pas un mot n'y affirme la volonté d'une maîtrise publique de l'eau. Alors que partout en France, les exemples de régie publique pour la gestion de l'eau se multiplient avec des résultats positifs, les dirigeants de l'agglomération du Val d'Orge préfèrent mobiliser une somme importante, 200 000€, subventions comprises, pour des cabinets d'audit dont l'indépendance à l'égard des multinationales de l'eau n'est guère garantie. Dans un domaine où l’État a, depuis si longtemps, laisser le champ libre aux intérêts privés, les outils d'expertise restent le plus souvent entre leurs mains.
Dans ces conditions, la probabilité est forte d'aboutir à un rapport qui réaffirmera la supériorité du modèle privé pour l'éternité. Il serait plus simple et moins coûteux de se rapprocher des collectivités qui ont eu le courage de reprendre leur eau en main pour tirer tous les enseignements de ces expériences positives, et préparer ainsi notre retour de l'eau en régie publique dans les meilleures conditions.
Ensuite, les études décidées ont pour objet d'« acquérir tous les éléments techniques, juridiques et financiers nécessaires au choix motivé d'un mode de gestion » : pas un mot sur les principes de justice sociale et d'intérêt général qui sont la raison d'être des services publics. Rien sur l'information et la consultation des usagers qui sont pourtant les premiers concernés. Rien sur la création de notre atelier-citoyen à l'échelle de l'agglomération, qui illustre la volonté des Valdorgiens d'avoir leur mot à dire. On retrouve l'idée insupportable que la question de la gestion de l'eau serait trop complexe pour la population et qu'elle doit s'en remettre aux spécialistes pour décider de ce qui est bon pour elle. Pourtant, ce sont bien les mobilisations citoyennes, les actions de consommateurs qui ont permis de faire la lumière sur les pratiques condamnables (surfacturation, défaut d'entretien des réseaux, …) des trois grands groupes qui se partagent le marché de l'eau en France.
La question de la gestion de l'eau potable revient à l'ordre du jour, c'est bien, mais il ne faut pas en déposséder immédiatement les habitants avec un programme d'études mené sans eux. Après tant d'années de soumission résignée aux intérêts privés, on ne retrouvera pas la maîtrise de ce bien vital, sans une volonté politique claire et une démarche profondément démocratique. Notre atelier-citoyen y contribuera, en favorisant l'information, et l'implication du plus grand nombre dans chacune des 9 communes (bientôt 10) du Val d'Orge. Chez nous aussi, c'est aux habitants de décider, avec toutes les cartes en main.
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et pour accéder aux textes du rapport présenté et de la délibération votée le 14 décembre cliquer sur l'onglet du blog:
documents officiels de l'Agglo du Val d'Orge
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